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 Relations politiques et commerciales tuniso-siciliennes pendant le Moyen-Age

 

Notre propos est plus général qu'il ne veut le dire. En effet, les relations entre notre pays et la grande île voisine remontent aux temps les plus anciennes, et notamment au Haut Moyen-Age pendant lequel nous n'avons fait qu'un même peuple et avons vécu une même culture, riche, nuancée, pleine d'éclat. Même dans la période où la Sicile s'est détachée de nous, sous les Normands, la civilisation tunisienne y apparut avec plus d'éclats.

Les princes Normands, nouveaux maîtres de l'île, s'attachèrent à maintenir les structures musulmanes anciennes, employant les fonctionnaires musulmans et autorisant leurs usages et leurs coutumes. Bien plus, ils les renfoncèrent et s'attachèrent à créer, dans leurs palais mêmes, une atmosphère orientale. Les monnaies des princes normands étaient frappées en langue arabe, avec une titulature arabe; de même leurs chartes et leurs vêtements d'apparat. L'architecture des monuments normands, ainsi que le cadre princier de la vie quotidienne étaient orientaux. On a dit jusqu'ici qu'ils étaient d'influence arabo-espagnole, égyptienne ou syrienne. Nous avons prouvé dans un colloque tenu à Palerme, 1961, que cette influence est exclusivement tunisienne. Nous reviendrons sur la question, un jour prochain.

Mais aujourd'hui, nous allons parler des rapports entre la Tunisie et la Sicile quelques siècles avant la Renaissance et quelque temps après. La Tunisie ne possède plus d'archives de cette époque. Toute la documentation officielle antérieure au XVII siècle a disparu chez nous et force nous est de faire fonds sur les documents d'archives européennes. Aussi nous sommes allés, pour parler de cette période au recueil des documents réunis par Mas-Latrie(1) au siècle dernier.

Voici les résumés de ces documents:

 

1231. Traité de paix et de commerce du 19 ou 20 avril 1231 conclu, pour 10 ans, entre l'émir Abou-Zakaria, 1er roi hafside de Tunis, et l'Empereur Frédéric II, roi de Sicile. Traité conclu par Vibald envoyé de l'empereur.

1240. Lettre de l'empereur Frédéric Il adressée de Civita Castellana à Nicolas Spinola, amiral du royaume de Sicile, lui annonçant qu'il approuvait son projet d'armer quatre navires et quatre galères pour courir sus à la caravane des marchands génois et vénitiens, ses ennemis, lorsqu'elle viendra de Terre-Sainte au mois de mai; il lui recommande de ne rien entreprendre, jusqu'à nouvel ordre, contre le roi de Tunis qui, malgré la trêve, accueille les Génois et les Vénitiens et favorise leurs entreprises commerciales.

1268. Extrait des registres de la Chancellerie du prince Charles d'Anjou concernant l'arriéré du tribut dû par le roi de Tunis au roi de Sicile.

1270. Rescrit du 5 novembre 1270 au camp de l'armée de Charles d'Anjou, roi des Deux-Siciles, près de Carthage, défendant l'extraction des vivres de ses Etats et exemptant de tous droits de sortie les provisions que l'on transporterait dans l'île de Sicile où l'armée chrétienne devait prochainement se rendre.

1272. Le 15 septembre 1272 à Melfi, Charles d'Anjou charge les maîtres de l'Hotel des Monnaies de Messine de désigner, pour accompagner à Tunis l'amiral de Sicile, un homme capable de vérifier la qualité de l'or et de l'argent qui doit être remis au nom de l'Emir hafside AlMoustansir Billah.

1273. Le 8 mai 1273, à Trani, Charles d'Anjou reconnaît avoir reçu de la part de l'Emir de Tunis Al-Moustansir Billah, les sommes qui lui revenaient pour son tiers de l'indemnité de guerre convenu lors du siège de Tunis, et pour les arrérages du tribut dû à la Sicile.

1285. Extrait de la décharge donnée par le roi Charles d'Anjou au chevalier Barthélémy de la Porte de ses fonctions de justicier de Sicile au-delà du fleuve Salso. Article concernant les dépenses faites par le justicier pour prévenir le roi des intelligences qui paraissaient avoir les révoltés de Sicile avec la Cour de Tunis.

1319. Le 27 février, de Catane, le conseil de l'infart Pierre, vicaire général de Sicile, fils du roi Frédéric de Sicile, sur les plaintes d'Etienne de Branciforte, Chatelain des îles de Jerba et de Kerkena, prie les jurés de la ville Syracuse de lever les difficultés qui empêchaient l'envoi de vivres à la garnison royale de Jerba.

1304. De Messine, Frédéric III, roi de Sicile, nomme Jean de Clermont et de Bibona, chatelain des îles de Jerba et de Kerkena, avec droit de juger les causes civiles et criminelles, Jean de Clermont pourrait soumettre de nouveau ces deux îles à la couronne de Sicile.

1392. Le 25 février, de Catane, Martin le Vieux, duc de Montblanc, père de Martin ter, dit le Jeune, roi de Sicile, adresse une lettre à l'Emir hafside de Tunis, Aboul-Abbas et lui envoie comme ambassadeurs, Guillaume de Talamanca et Vito de Malcondignis. Des instructions sont données à ces ambassadeurs de demander à la Cour de Tunis la restitution de l'île de Jerba comme ayant appartenu, de tout temps, à la Couronne de Sicile.

1393. Le 24 avril, de Catane, une lettre de créance et des instructions sont données par Martin le Vieux, duc de Montblanc, pour Hugues de Santa-Paz et Guillaume de Talamanca, envoyés auprès de la Cour de Tunis et du Seigneur de Tripoli à l'occasion de l'Affaire de Jerba.

1393. Les 13 et 16 mai, des lettres de Catane sont adressées par dom Martin le Vieux annonçant que les habitants de Jerba ont reconnu la souveraineté de la couronne de Sicile et reçu les officiers du roi.

1398. Le 3 mars 1398, de Palerme, une lettre est écrite par Martin le Jeune, roi de Sicile, à Abou-Faris Abdel-Aziz, Emir hafside de Tunis, l'informant de certaines dispositions au sujet de la négociation d'un traité entre la Cour de Tunis d'une part, et la Sicile et l'Aragon d'autre part.

1409. Le 10 mai 1409, Martin 1er, dit Martin le Jeune, roi de Sicile, répond de Cagliari aux lettres qu'il avait reçues de Samuel Sala, juif de Trapani, chargé conjointement avec son frère Elie, de négocier un traité de paix avec la cour de Tunis. Le roi dit entre autre à Samuel que le traité ne peut être conclu définitivement, sans le consentement du roi Martin II, roi d'Aragon, son père, ajoutant qu'on peut cependant convenir d'une trêve avec la Cour de Tunis, et qu'en attendant, rien n'empêche la poursuite de l'affaire du rachat de certains Maures dont la somme a été fixée à trente mille doublons.

1409. Le 10 mai 1409, Martin le Jeune donne, de Cagliari, des instructions à Samuel Sala, pour la conclusion d'un traité de paix avec la Cour de Tunis.

1409. Le 10 mai 1409, toujours de Cagliari, des lettres patentes sont envoyées par Martin le Jeune pour accréditer Samuel et Elle Sala, juifs de Trapani qui sont chargés par lui d'une négociation en Ifriqia.

1438-1451. Extraits de la Chronique de Saint Martin des Echelles, ou des Grès, près de Palerme, relatifs aux missions et aux ambassades que remplit en Ifriqia le frère Julien Mayali, au nom du roi d'Aragon et du vice-roi de Sicile.

1470. Le 10 mai 1470, des instructions sont données, à Palerme par Lop Ximénes Durrea, vice-roi de Sicile, à Pierre-Antoine de Foligno, envoyé en ambassade auprès de la Cour de Tunis pour conclure un traite de la paix au nom de Ferdinand d'Aragon, roi de Naples, et de son oncle Jean II d'Aragon, roi d'Aragon, de Navarre et de Sicile.

1470. Le 16 juillet 1470, le vice-roi de Sicile, Lop Ximénes Durrea, adresse, de Palerme, une lettre au roi de Tunis, qu'il remet à André Navarre chargé de négocier la paix entre la Cour de Tunis et Jean II, roi d'Aragon, de Navarre et de Sicile.

1472. Le 20 novembre 1472, Lop Ximénes Durrea, vice-roi de Sicile, accorde, à Palerme, mille salmes de blé è Raphaël Vives et Emmanuel Bon, ambassadeurs chargés de négocier un traité entre la Cour de Tunis et le roi Jean Il d'Aragon, roi d'Aragon, de Navarre et de Sicile. Le vice-roi de Sicile promet en outre à Raphaël vives, ambassadeur du roi de Portugal, de lui faire porter la somme de soixante mille doublons d'or sur le produit de la bulle de la croisade, après la conclusion de la paix qui doit se négocier par ses soins, entre le roi d'Aragon et de Sicile et le roi de Naples d'une part, et la Cour de Tunis d'autre part, et après la délivrance de 500 captifs chrétiens retenus dans les Etats du roi de Tunis.

1473. Le 19 décembre, le vice-roi de Sicile publie, à Palerme, un ban proclamant la trêve conclue, pour deux ans, entre le roi d'Aragon, de Navarre et de Sicile d'une part, et le roi de Tunis d'autre part et ordonnant d'observer fidèlement la paix dans les îles de Sicile, de Malte, de Gozzo et Pantelleria.

1473. Le 23 décembre 1473, Lop Ximénes Durrea, Vice-roi de Sicile, nomme à Palerme, Jacques Bonanno, Consul dans le Royaume de Tunis, avec le droit d'instituer des vice-consuls, au nom des rois d'Aragon et de Naples pour les deux années de trêve récemment arrêtée et pour la suite, si le traité de paix et train est définitivement conclu.

1475. Le 8 juin 1475, Lop Ximénes Durrea, vice-roi de Sicile adresse de Catane, au roi de Tunis, une lettre lui annonçant l'envoi à Tunis de Guillaume de Peralta, comme ambassadeur des rois de Castille et de Sicile, chargé de s'entendre avec lui au sujet de la promulgation de la trêve et de la conclusion définitive d'un traité de paix. Le jour même, le vice-roi donne à Peralta des instructions au sujet de son ambassade.

1476. Le 7 février 1476, de Palerme, une lettre de Guillaume de Peralta, et de Guillaume Pujades, ambassadeurs des rois d'Aragon et de Sicile auprès de la Cour de Tunis, de l'intérêt qu'il avait apporté à la conclusion du traité de paix.

1479. Le 8 décembre 1479, ont lieu, à Palerme, des votes du conseil des notables de Palerme relatifs aux traités de paix conclus avec la Cour de Tunis.

 

Cette série de documents appelle les observations suivantes: ce sont des documents politiques dans la mesure où ils stipulent des mesures d'organisation et des mesures diplomatiques qui ont pour effet d'assurer la compréhension et la conciliation entre Etats. Ils sont d'ordres économiques et commerciaux, dans la mesure où ils font état des matériaux échangés, de leurs formes de troc, de leur paiement, des droits perçus à la douane, de la monnaie d'échange, des dépôts de marchandises, etc. etc..., toutes choses qui méritent une étude approfondie. Il y entre aussi de nombreuses questions relatives aux problèmes maritimes, comme la construction des bâteaux, leurs diverses catégories, leurs tonnage, les arsenaux où ils sont construits, le problème du bois relatif à cette construction, les règles de la navigation, les ports, etc., etc... Mais il y a de multiples aspects que nous suggèrent de tels documents et que nous continuons è vivre dans notre vie quotidienne, à Tunis. Ce sont les manifestations d'ordre humain qui méritent néanmoins un long développement mais qu'il y a lieu de rappeler ici, brièvement.

Les rapports officiels ont permis de mettre en contact deux nations différentes par la religion, la langue, les usages, le costume, la cuisine, les objets de parure, etc... Ce contact n'allait pas tarder à insinuer dans le comportement, aussi bien des Tunisiens que des Siciliens, de nouvelles formes, dans le langage et dans les usage. Ces forme, si elles avaient un nom dans le pays d'origine, allaient entrer telles quelles dans le langage où elle ont été empruntées. Cela est si vrai dans le camp tunisien que dans le camp sicilien. Le mot «machina» introduit de l'italien, par l'intermédiaire du sicilien, est adopté tel quel dans le langage tunisien parce qu'il n'a pas d'équivalent dans notre langue. Seules ont échappé à ce mélange les choses ayant trait à la religion. Musulmans et Chrétiens, malgré parfois des amitiés très solides, et même des alliances matrimoniales, sont demeurés strictement sur leur position.

Ma mère, par example, prépare encore un plat qu'elle considère come une spécialité tunisienne les «macaronis bistofato» (col stufato). Elle tenait beaucoup à ses bijoux et notamment à ses «sboulitat» (pluriel de spoletta) et à ses «riquinouat» (pluriel de ...?). Quand elle allait en voyage, elle mettait ses affaires dans un «knestrou» (canestra) ou dans une «falija» et elle nous amenait à la «locanda».

Et c'est ainsi que nous avons, dans la langue arabe courante, una infinité de vocable italo-siciliens que nous parlons encore sans nous rendre compte de leur origine. Nous essayerons dans un prochain article d'analyser les différentes domaines où ces vocables sont entré dans notre langue et y son restés.

Ces domaines concernent les acquisitions culturelles, scientifiques et industrielles acquises au contact de la Sicile et de l'Italie, depuis la Renaissance et notamment, depuis l'apparition de l'ère industrielle. Au contact de la Sicile et de l'Italie, nous avons suivi une ascension certaine vers la modernité et le progrès, mais, là-dessus, nous avons subi le protectorat français qui nous a détourné de notre voie.

 

Slimane Mustapha Zbiss

 

Relazioni politiche e commerciali tunisino-siciliane nel Medioevo

 

I rapporti fra la Tunisia e la Sicilia risalgono a tempi remoti. Nell'Alto Medio Evo i due Paesi costituivano un solo popolo e vivevano la stessa cul tura ricca, colorata e piena di splendore.

Anche dopo il distacco, i rapporti fra Tunisia e Sicilia rimasero ottimi, tanto che sotto i Normanni le monete continuarono ad essere coniate in lingua araba, e la moda, l'architettura, i costumi erano orientali.

Dai documenti consultati presso archivi europei, atteso che non esiste piú in Tunisia la documentazione ufficiale anteriore al XVII secolo, è emerso che interessanti furono, sino alla instaurazione del protettorato (rance, se, i rapporti economici, commerciali e culturali fra i due Paesi: scambio d, merci, regolamenti doganali, monete di scambio, problemi marittimi (costruzione di barche con scelta del legno; regole di navigazione, porti, ecc.), e molto significative le manifestazioni di umanità, che permisero di mantenere sempre idealmente uniti due popoli diversi per religione, lingua, usi, costumi, cucina, oggetti ornamentali, ecc., tanto da lasciare vestigia solide e nuovi vocaboli nelle due lingue. Solamente le questioni religiose sfuggirono a questa mescolanza; musulmani e cristiani, nonostante amicizie solide e unioni matrimoniali, rimasero fedeli alle rispettive credenze.

Al contatto della Sicilia e dell'Italia, la Tunisia ebbe certamente un sensibile progresso, ma il protettorato francese allontanò il popolo tunisino dalla giusta via.

 

 

NOTE

(1) Traités de paix et de commerce et documents divers concernant les relations des Chrétiens avec les Arabes de l'Afrique septentrionale au Moyen-âge. Paris 1866.

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